Anna Biller
Anna Biller, réalise des films décalés, arty, s'inspirant des grands maîtres du cinéma des années '30 jusqu'au au début des seventies (notamment Douglas Sirk, Alfred Hitchcock et Jacques Demy) digérés par John Waters, avec couleurs, chansons et danses.
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- DirectorAnna BillerStarsAnna BillerJared SanfordKiki ValentineA sad Arabian queen is cheered by her attendants, a Queen Bee rules over a hive of adoring drones, and a teenage girl is transformed into a queen in a colorful musical fantasy inspired by old Hollywood musicals.Premier film de la cinéaste, tourné en 16mm : trois mini-essais sur le fantasme de la femme au pouvoir.
Le tout dure 26 minutes.
Toutes les thématiques de l'œuvre de la cinéaste sont déjà ici en germe.
Entre Kenneth Anger (avec une sensibilité féminine) et Jacques Demy/Serge Bozon (avant Serge Bozon !)
Avec la réalisatrice et ses acteurs (dont un tout jeune Jared Sanford) encore presque adolescents (la petite vingtaine.)
Anna Biller joue notamment une improbable reine arabe indoue ou bouddhiste, donc à ne pas prendre du tout au sérieux.
Il s'agit d'une pure fantaisie musicale et visuelle, pleine de finesse. Elle s'amuse des clichés brillamment.
C'est un des meilleurs courts métrages vus de ma vie.
Vu en pellicule 16mm d'origine au Nova en septembre 2017, avec sous-titres français ajoutés par le Nova.
gros 10 - DirectorAnna BillerStarsAnna BillerJared SanfordBarry MorseThe White Cat and the Prince go into the garden to witness the awakening of Spring, in this loose adaptation of a scene from the fairy tale "The White Cat."Projet avorté et très partiellement sauvé.
Adaptation en forme d'opérette à la Jacques Demy/Busby Berkeley du conte de fée "Le chat blanc" de Madame d'Aulnoy.
Délire visuel et chantant plein de fraîcheur, de joie de vivre et de couleurs.
La seconde scène (et de loin la plus longue) a été tournée en un (1) jour de 1998, en profitant des acteurs et des costumes d'une pièce de théâtre créée (et montrée à Los Angeles et sa région) suite à l'absence d'argent pour réaliser le projet de départ qui était un film de cinéma.
La cinéaste recycle ici ses costumes d'abeille de son film précédent "Three Examples of Myself as Queen" (1994).
Quelques années plus tard, Anna Biller et Jared Sanford (qui a visiblement vieilli, alors que sa partenaire est encore déguisée en costume de chat) ont tourné une seconde scène plus courte, qui est en fait la première, d'introduction à la seconde, dans le montage d'environ un quart d'heure finalement réalisé en vidéo en 2017. Vu le 17 septembre 2017 la première mondiale du film au Nova, sous-titré en français par le Nova. Il m'a semblé que la partie filmée en 1998 l'aurait été en 35mm, tandis que celle filmée vers 2001 l'aurait été en 16mm.
La narration n'est pas très claire, mais c'est plus proche d'un clip musical à la Jacques Demy/Bugsby Bakerley, expérimental à la Kenneth Anger.
Avec un côté kitsch à la Pierre et Gilles qui devrait séduire le milieu homo. Il y a notamment l'ami de la cinéaste qui jouera le coiffeur dans "Viva", déjà en mini-slip en soie dorée, ici dans le rôle de Cupidon.
9 - DirectorAnna BillerStarsGarth PetalNicholas K. GilhoolAriana GraceA weird German doctor uses hypnotism, seduction, and criminality to get the better of a trio of spoiled wealthy siblings, in a tribute to old Hollywood Technicolor melodramas.d'Anna Biller et Jared Sanford
Brillamment écrit par Jared Sanford (et pas par Anna Biller, contrairement aux autres films d'Anna Biller), il s'agit d'un hommage bricolé de 44 minutes au cinéma théâtral et bavard des années trente, avec affaire d'héritage et meurtre(s) dans une ambiance un peu gothique.
C'est filmé en 16mm. Et couleurs, à la manière des mélodrames de Douglas Sirk et des Yasujiro Ozu en couleurs.
Remarquablement soigné. La mis en scène est élégante.
L'acteur jouant le médecin est trop jeune (moins de trente ans). Le père de la cinéaste, outre son travail de peinture, joue le petit rôle du domestique. Jared Sanford, ici avec des cheveux très courts, incarne magistralement un chrétien heureux de subir une lourde épreuve injuste qu'il considère comme un cadeau de Dieu qui le purifiera de ses péchés.
Vu en pellicule 16mm d'origine au Nova en septembre 2017, avec sous-titres français ajoutés par le Nova.
9 - DirectorAnna BillerStarsAnna BillerJared SanfordNatalia SchroederA young Victorian woman struggles with an incubus against a backdrop of the Old West. With original period costumes, sets, and a western-vaudeville soundtrack.Western d'horreur bunuelien (un peu) érotique bricolé et ludique.
Filmé à la manière de Douglas Sirk et des Yasujiro Ozu en couleurs. 16mm ; 27 minutes.
Avec la réalisatrice (qui semble aller vers ses trente ans) dans le rôle principal de la jeune vierge victime d'un démon (joué par Jared Sanford) dont le but est de la déflorer pendant son sommeil.
Un peu trop de torpeur dans la seconde partie située dans un saloon, moins réussie que la première située dans un intérieur victorien, plus subtile.
La cinéaste estime que c'est son meilleur film, mais je ne suis pas d'accord avec elle.
Vu en pellicule 16mm d'origine au Nova en septembre 2017, avec sous-titres français ajoutés par le Nova.
9 - DirectorAnna BillerStarsAnna BillerJared SanfordBridget BrnoTwo suburban couples experiment with sex, drugs and bohemia in early 1970's Los Angeles.(a été terminé fin 2006.)
Premier long métrage et film tourné en 35mm d'Anna Biller.
En plus d'être un délice coloré comme les précédents courts métrages de la cinéaste, "Viva" propose un regard critique, féministe, fataliste et en même temps fasciné sur le contexte culturel de la libération sexuelle aux USA en 1972, son machisme et son égoïsme, en utilisant minutieusement son iconographie dont notamment le film "Camille 2000" le chef-d'œuvre de Radley Metzger, mais surtout de ce que l'on trouvait dans la revue "Playboy" comme les publicités, les recettes culinaires ou l'idéologie. Ou aussi l'esthétique de "Blow-up" réalisé par Antonioni dans le Swinging London. Et "Les larmes amères de Petra Von Kant" de Fassbinder. Et bien sûr les films en-chantés de Jacques Demy.
La cinéaste se sert des ces éléments comme de found-footages ou les recycle à la manière des performances-installations d'art contemporain. Elle lie les ingrédients avec de l'easy listening et de fabuleuses compositions picturales de l'image.
Le tournage a été long d'un an et demi car le seul directeur de la photographie capable de recréer une image seventies travaillait toute la semaine et n'était libre que les week-end. D'autres chef-op ont été virés. Il s'agit donc d'une sorte d'accumulation de courts métrages encore un peu bricolés (on aperçoit notamment un micro dans le champ.)
Les parents et amis de la cinéaste ont participé en peignant des œuvres exposées dans le décor ou en jouant des silhouettes.
Les acteurs (dont Jared Stanford qui a attrapé une petite panse à bière) incarnent des stéréotypes des archétypes de la société de l'époque, avec extrême outrance. Ils surjouent au troisième degré, sans naturel, comme dans les premiers John Waters. Ce qui provoque une distanciation quasi-brechtienne.
Les personnages parlent beaucoup de sexe, vivent des rapports sexuels glauques et n'en jouissent jamais, comme dans les films de Joe Sarno, cinéaste très mal connu en Belgique.
Le film a souvent été mal compris car beaucoup ont pensé qu'il s'agissait d'une simple parodie des films de sexploitation ou d'un pastiche à la manière de "Death Proof/Grindhouse" de Quentin Tarantino. Il s'agit d'un malentendu car la cinéaste a des goûts cinématographiques beaucoup plus classiques et défend un point de vue critique, féministe et distancié sur la libération sexuelle en général.
Côté scénario, Anna Biller s'inspire de "Belle de jour" de Luis Buñuel.
"Viva" m'a aussi fait penser aux deux premiers longs de Jan Bucquoy "La vie sexuelle des Belges" (1994) et "Camping Cosmos" (1996). À "Une vraie jeune fille" (1976) de Catherine Breillat. Et aux Jean-Luc Godard de la fin des sixties ("Deux ou trois choses que je sais d'elle", "La Chinoise" et "Week-end".)
Vu en pellicule d'origine au Nova en septembre 2017, avec sous-titres français ajoutés par le Nova. (Il avait été projeté sans sous-titre en mars 2008 au même endroit, dans le cadre de l'Offscreen.)
gros 10 - DirectorAnna BillerStarsSamantha RobinsonJeffrey Vincent PariseLaura WaddellA modern-day witch uses spells and magic to get men to fall in love with her, with deadly consequences.Éblouissant et incomparable second long métrage et film tourné en 35mm d'Anna Biller (à noter que depuis son précédent film, l'usage de la pellicule est devenu extrêmement marginal, néanmoins la cinéaste ne souhaite pas réaliser en numérique, mais préférerait alors peindre ou écrire.)
Somptueux et surchargé mélodrame noir psychologique post-moderne (jouant sur les codes cinématographiques) au ton surréaliste ouaté, situé dans le milieu de la sorcellerie de la Californie provinciale, sous une extraordinaire forme entre "Mullholand Drive" de David Lynch et "Peau d'âne" de Jacques Demy. Les sources d'inspiration de cette symphonie visuelle sont notamment Alfred Hitchcock ("Vertigo", "The Birds", "Psycho" - Les cinq premières minutes semblent provenir d'un Hitchcock oublié entre "The Birds" et "Marnie"), Powell/Pressburger et Douglas Sirk (déjà recyclé par Fassbinder. Et François Ozon dans "Huit femmes"). En plus alangui (avec un point de vue plus conventionnel, on peut estimer que le montage par la réalisatrice est raté. La narration coince un peu, mais clairement, aux deux-tiers. Elle, qui a fait les costumes, décors et maquillages, n'a pas eu le courage de supprimer des scènes jolies mais a priori inutiles, voire confuses, par exemple la séquence moyenâgeuse du pseudo-mariage. D'un autre point de vue, ces parties sont admirables, que ce soit au niveau de l'artisanat, ou de la sincérité de l'artiste. Cela fait partie de la logique onirique du film, où tout peut arriver. Dans le monde magique du Cinéma. Pourquoi se soumettre à la dictature de la norme ?)
Plus on s'approche de la fin et plus le spectateur est plongé dans la logique malade du personnage principal qui perd le sens des réalités.
Avec de grosse louche de ludisme, de gentille subversion et de sensibilité féminine.
Les acteurs surjouent au troisième degré, sans naturel. Ce qui provoque une distanciation quasi-brechtienne.
Jared Sanford (qui a attrapé une peau burinée, des cernes et un début de calvitie) joue le rôle d'un leader sataniste. L'élément religieux kitsch rappelle "The Dunwich Horror" (1970) de Daniel Haller ou "Werewolves on Wheels" (1971) de Michel Levesque. Et "Invocation of my Demon Brother" (1969) de Kenneth Anger (qui était un « ami de la famille » de la cinéaste). À noter que le paganisme est à la mode, en pleine expansion, dans les années 2010. Ce serait une réaction, un contrepoison à l'Islam considéré comme une menace. La cinéaste avoue à demi-mot avoir "wicca" pour religion.
Beaucoup pensent que la réalisatrice s'est inspirée pour "The Love Witch" des films d'exploitation des seventies comme ceux de Russ Meyer, Radley Metzger, Jess Franco ou Joe Sarno, voire les gialli, mais en réalité pas du tout.
Le cinéma d'Anna Biller ne présente pas un point de vue masculin, bien au contraire. La cinéaste préfère le cinéma classique. Il y a malentendu car elle utilise surtout de la musique d'Ennio Morricone des sixties, comme celle des gialli ("The Fifth Cord" et "A Lizard in a Woman's Skin") ou de Piero Piccioni ("Il Diavolo nel Cervello" et "Le Mani sulla Citta"). Et la représentation de la nudité/sexualité, même si cela reste très très soft, est plus proche de celle de la fin des sixties/seventies que du cinéma censuré des années 40/50.
Certains ont remarqué que le pubis de l'actrice est rasé comme ce n'est devenu la norme que depuis la fin des années nonante, ce qui pourrait donc être considéré comme un anachronisme de plus. Mais un téléphone portable est utilisé dans le film, ce qui prouve que l'action n'est pas située vers 1970. Son précédent long métrage "Viva" (2007), lui, s'inscrivait dans le contexte culturel de la libération sexuelle aux USA en 1972, dont notamment du film "Camille 2000" de Harry Metzger, mais surtout de ce que l'on trouvait dans la revue Playboy comme les publicités, les recettes culinaires ou l'idéologie.
En résumé, ce film hors du commun, difficile à cerner à la première vision, dense, est mal compris et sous-estimé car il est trop considéré comme une involontaire parodie ratée des films d'exploitation (surtout horreur érotique) des seventies, alors qu'il s'agit en réalité d'un simple hommage naïf (les peintures du père de la cinéaste ont aussi une grande part de naïveté) et à la distance arty (à la David Lynch ou Kenneth Anger) du grand cinéma classique de genre (mélodrame, film noir, …) en général.
Un film bunuelien hors du commun qui aurait dû remporter le prix de "L'Âge d'or", mais qui n'a même pas été sélectionné pour le festival par les incompétents employés à la cinémathèque royale.
Vu en pellicule d'origine au Nova en septembre et octobre 2017, avec sous-titres français ajoutés par le Nova. (Il avait été projeté en DCP sans sous-titre en mars de la même année, au même endroit, dans le cadre de l'Offscreen.)
petit 10